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Être soi même
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27 mars 2008

les clans : un phénomène social incontournable!

Pour moi, le monde n'était qu'un seul individu, à l'image de Fati, Amal, Safaa et les autres. Leurs parents étaient à l'image des miens... On formait tous le même moule homogène.

Je suis partie aux études supérieures, et mes horizons s'en sont trouvés élargis.

Nouvelle parmi un monde qui se connaissait déjà, je n'ai appartenu à aucun clan, je n'avais pas encore le temps de remarquer qu'il y'en avait, d'ailleurs.

Je me mettais avec n'importe qui, mais avec le temps je remarquais de plus en plus le rejet de certains clans, l'accueil de certains autres, puis l'indifférence d'autres encore.

Une ancienne collègue de classe m'avait parlé de clans de "gens de la mission française, de riches", de clans de "religieuses" et de clans de ce qu'elle appelait "classe moyenne". J'avais trouvé son raisonnement trop ridicule, d'autant plus qu'elle mettait "gens de la mission française" et "riches" dans le même panier, et qu'elle venait de la mission! Je me suis dit: mais c'est quoi cet esprit on ne peut plus hautain!

Cependant, avec le temps, j'ai réalisé que c'était réellement le cas!

En fait, il y'avait le clan des gens de la mission française, qui étaient toujours cloisonnés sur eux mêmes, non, en fait ils étaient également parfois avec des gens de l'Afrique Subsaharienne. Les échanges se passaient quasiment en français uniquement même lorsque tous les interlocuteurs étaient marocains.

Il y'avait le deuxième clan, celui des religieuses voilées. Ce clan accueillait également des non voilées...

Le troisième clan était celui des riches mais reflétant à 100% la culture bourgoise marocaine dans son snobisme et sa superficialité, on y retrouvait des filles venant d'horizons pas mal riches de Casablanca, qui étaient trop snobes pour fréquenter la classe moyenne, mais pas suffisamment proches culturellement des gens de la mission pour en faire partie. Je pense qu'il s'agissait du clan le plus fermé de tous.

Le quatrième, c'était un peu la masse : on y trouvait le marocain lambda. Il y'avait des gens de classe moyenne, de classe pauvre, et quelques personnes de milieu riche mais suffisamment mature pour voguer entre différents clans. On y trouvait également une bonne partie de religieuses voilées.

Enfin, il y'avait le clan des étudiants africains subsahariens qui se réunissaient entre eux, faisaient des soirées où ils invitaient 2-3 marocaines (j'ai eu le privilèges d'en faire partie une fois) et tout le reste était du non marocain.

J'ai longtemps tenté de comprendre cette division très apparente, qui se joue tout d'abord sur les apparences, avant de s'exprimer à travers des divergences d'idées. J'en comprenais une seule chose (et je pense qu'il y'avait une bonne part de vérité là dedans mais elle était loin d'être complète, d'ailleurs même aujourd'hui je ne saurai prétendre qu'elle l'est):

1) Les filles snobes richardes étaient axées suffisamment sur les apparences pour rejeter toute personne d'apparence modeste comme la mienne. Ça se jouait pas mal sur les habits l'accueil ou le refus d'une nouvelle personne. Ma perception n'a pas beaucoup changé avec le temps et mon expérience ne m'a pas démontré d'autre signe qu'un comportement hautain et superficiel de leur part. Je les entendais murmurer des insultes dès qu'une fille (elle aussi riche mais voguant entre toutes les castes) entrait en classe, malgrè ses beaux habits ces filles passaient du bon temps à se moquer de ses habits. Tout ce jouait sur les apparences.

2) Les gens de la mission française se sentaient supérieurs aux autres. Ils refusaient de se mélanger (pour la plupart) aux enfants du peuple. Avec le temps j'ai compris que ce n'était pas forcément le cas. Les gens de la mission sont plus profond dans leur façon de penser que ceux de la 1ère caste. En fait, ils avaient trop peur d'être jugés. Ils venaient d'un environnement très occidental (leur lycée, leur famille) et une fois confrontée au melting pot qu'était notre école, leur moyen de protection était de se cloisonner. J'ai fini par le comprendre à plus d'une occasion. D'abord ils ne refusaient pas de se mélanger avec les africains subsahariens (qui venaient parfois de milieux modestes), pour la simple raison que ces derniers ne jugent pas sur la base de "est-ce qu'une fille fume? est-ce que tu fais le ramadan ou pas?" etc. La 2ème occasion où j'ai pu confirmer cette compréhension, c'est le jour où une fille de ce clan, habitant en face de ma chambre, est venue me dire: "tu sais je ne fais pas le ramadan parce que je suis malade et dois prendre des médicaments tout le temps". J'ai senti son besoin de se justifier auprès de sa voisine de chambre pour ne pas la choquer si jamais elle tombe sur elle entrain de manger en plein jour.

3) Le clan des religieuses voilées : une bonne partie des religieuses voilées se mélangeaient à tout le monde (c'est à dire à toute la classe moyenne et modeste), mais il y'avait une minorité cloisonnée sur elle même. Je pense qu'elles se sentaient plus à l'aise dans leur micro-communauté pour apprendre la religion, se réunissaient pour des cours islamiques et... ne voyaient pas l'utilité d'être avec d'autres personnes! Ou alors elles voyaient les intrus comme des personnes qui risquaient de les critiquer et de se moquer d'elles. Je ne sais pas... Mais ne portant pas le voile à l'époque, j'avoue qu'elles ne se sont jamais montrées mal respectueuses envers moi.

4) Le clan de la masse : dans ce clan, on trouvait quelques gens de la mission française éduqués dans des milieux plus "marocanisés", et donc qui n'éprouvaient pas le besoin de se protéger en se fermant dans des petits cercles. On retrouvait également des voilées, des non voilées, des pauvres, des modestes, des hippies, des conformistes... C'était une autre sorte de melting pot au sein du méga melting pot global. Ce clan reflétait pas mal l'ensemble de la société marocaine, c'est à dire retranchée de ses exceptions (gens trop occidentalisés, gens riches et snobs, voilées)

5) Les africains subsahariens étaient des gens réellement sympas et ouverts à qui veut devenir leur ami. Ils rendaient service aux marocains plus que ces derniers ne le faisaient entre eux mêmes :)... Ils avaient cependant des tensions à l'intérieur de leur clan... Ils se souciaient beaucoup de l'image qu'ils renvoyaient à nous, ils fallaient qu'ils soient plus propres et plus élégants que la moyenne, pour prouver qu'ils ne sont pas inférieurs comme certains marocains racistes le pensent.

Je ne sais pas si j'ai oublié un clan, mais... Je réalise que les clans sont le fruit d'une incapacité de l'humain à essayer de comprendre l'autre, celui qui lui semble différent. L'humain préfère se protéger de tout ce qui est différent de lui, avant même d'essayer de l'explorer davantage... Parce qu'en découvrant l'autre davantage, on réalise que nos différences ne sont souvent pas radicales, ou du moins elles laissent un peu de place à l'émergence d'une réelle amitié... Mais ça prend beaucoup de confiance en soi pour aller découvrir cet autre différent...

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Commentaires
M
..."les clans sont le fruit d'une incapacité de l'humain à essayer de comprendre l'autre, celui qui lui semble différent"... Je dirais peut être oui, mais avec une certaine réticence quand même! Car essayer de comprendre l'autre, c'est la première chose qu'on fait! Mais continuer de le comprendre et accepter ses idéologies, c'est ce qui pousse chacun à créer son clan! ça ne veut pas dire que dés qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde on tourne le dos à l'autre, mais il y'a des gens avec qui on ne peut pas discuter, pour la simple raison qu'il y a une grande divergence et la discussion ne mènera nul part!
W
Avoir peur du jugement de l'autre, le snober, se sentir bien dans sa micro société et se renfermer sont peut être les raisons qui font que tes camarades ne se mélangent pas. Pour ma part, je trouve ça complètement ridicule, cette espèce de racisme au milieu d'une seule et unique société jeune, certainement cultivée et partageant à peu près les mêmes visions de l'avenir professionnel...<br /> <br /> En tout cas, à ces gens là, j'ai envie de dire qu'ils ne savent pas ce qu'ils ratent, à ne pas se mélanger avec ceux qui ne leur ressemblent pas!! La différence est une richesse.
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