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27 décembre 2005

De l'objectivité

" J'ai un problème

avec ma propre identité israélienne "

(  Michaël Sfard )

Lundi 05 Décembre 2005

Ils ne sont qu'une poignée en Israël à exercer sur le même créneau que lui. Michaël Sfard a ouvert son cabinet d'avocat il y a un peu plus d'un an, mais sa spécialité n'est pas affichée sur la plaque discrète posée à l'entrée de son immeuble, en plein cœur de Tel-Aviv.

Le jeune homme, âgé de 33 ans, assume pourtant pleinement son choix : il défend les Palestiniens victimes "des injustices et des atrocités commises dans les territoires occupés".

A ce titre, il est devenu en quelques mois l'un des Israéliens les plus engagés dans la dénonciation de l'occupation.

Aux côtés de collègues réputés comme Leah Tsemel ou son ancien patron et mentor, Avigdor Feldmann, il représente la plupart des organisations israéliennes de défense des droits de l'homme devant les tribunaux. Sa renommée lui vaut même, depuis quelques semaines, l'appel direct de clients palestiniens, aux prises avec l'arbitraire de l'occupation.

Son plus grand fait d'armes remonte, selon lui, au 15 septembre, date à laquelle la Cour suprême israélienne a ordonné à l'armée de détruire une portion de la "barrière de sécurité" qu'Israël construit en Cisjordanie depuis 2002.

Dans un arrêt inédit, la Cour a reconnu que la vie quotidienne imposée à un millier de villageois était insupportable. "Dans les environs de Qalqiliya,
plusieurs villages palestiniens enclavés étaient sur le point d'être asphyxiés"
, assure l'avocat, assis derrière un bureau méticuleusement dépouillé. "La décision de la Cour suprême va faire jurisprudence", prédit-il fièrement. "Grâce à elle, d'autres recours vont être déposés contre la barrière, car les gens vont savoir que même une portion construite peut être remise en question."

Le visage poupin et avenant ne laisse pas transparaître la détermination qui anime ce fils et petit-fils d'immigrants polonais, expulsés de leur pays pour activisme politique. "Contrairement à mes parents, qui ont fui ou ont été exilés, j'ai un problème avec ma propre identité israélienne, car les choses commises dans les territoires sont faites en mon nom", résume-t-il.

Le métier qu'il a choisi lui tient lieu de thérapie. Sans lui, il aurait déjà songé à quitter le pays. "Quand j'ai commencé mes études de droit, il était évident que je m'intéresserais d'abord aux affaires ayant une forte charge politique. Et si j'exerce avant tout pour des raisons morales, je ne cache pas mes opinions politiques. Je ne pourrais pas vivre ici sans me battre contre les atteintes aux droits de l'homme", confie-t-il en souriant.

Réserviste de l'armée de terre, Michaël Sfard refuse d'effectuer ses périodes de service en Cisjordanie occupée. "Durant la deuxième Intifada, toutes les lignes rouges ont été franchies, qu'il s'agisse des assassinats ciblés, des démolitions de maisons, de la création des points de colonisation sauvages, du comportement des soldats aux check-points ou de la construction de la barrière qui coupe les gens de leur famille, de leurs terres. Le plus terrible, c'est que la justice, militaire ou civile, donne presque toujours sa caution à ces horribles crimes de guerre au nom de la 'sécurité'. Pire, la société israélienne, qui est au courant de toutes ces atrocités, ne se demande jamais comment on en est arrivé là. Elle n'en a cure."

Plus à l'aise à Tel-Aviv, sa ville d'adoption, qu'à Jérusalem, où il est né, le jeune avocat sait que son engagement est mal vu par nombre de ses confrères. "Pour eux, j'ai choisi le mauvais côté ! Et si je n'ai encore jamais été menacé, c'est que, pour l'instant, mes succès sont assez limités !", reconnaît-il.

A l'avenir, Michaël Sfard risque pourtant de se mettre à dos une bonne partie de l'establishment israélien.

Une quarantaine de recours déposés contre la construction de la barrière de séparation sont actuellement en suspens devant la Cour suprême et, au grand dam de ses partisans, retardent les travaux.

La fin du chantier, originellement annoncée pour décembre 2005, a été repoussée à décembre 2006.

D'ici là, Michaël Sfard ne chômera pas. Il s'est fixé un nouveau défi assez atypique dans la société israélienne : apprendre l'arabe. "C'est une honte qu'un gars comme moi, élevé dans un pays où l'arabe est l'une des langues officielles, ne l'ait jamais apprise." Un pas de plus vers ses futurs clients ?

Stéphanie Le Bars, Le Monde du 25 Novembre 2005

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2682

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Commentaires
L
Coucou les amis,<br /> Oui Karim ca me fait de plus en plus plaisir de trouver des gens israeliens qut défendent la cause palestinienne.. Je trouve que cette objectivité se fait de plus en plus rare. Par rapport aux attentats qui font que les israéliens se radicalisent.. honnetement je ne saurai emettre un point de vue, comme je ne suis pas à la place des palestiniens.. Mais vois tu quand on voit son pays dévasté par des gens qui n'y ont aucun droit, sa femme ou sa mère se faire violer etc etc.. Je ne sais pas si on aura la force de rester objectif et de penser aux conséquences long terme de ses actes.. Puis d'autre part je pense que quand on est envahi par un ennemi tous les moyens possibles sont déployés, je veux dire qu'on va pas s'arrêter et se dire: il se peut qu'en évitant les attentats on puisse attirer la sympathie du peuple israelien etc etc... Je veux dire que deja on voit l'autre comme un ennemi et donc on ne va pas chercher sa sympathie.. Enfin voilà mes pensées en vrac :)<br /> Gogou, je t'envie ta passion pour la lecture.. (tu tiens ça surement de tes origines françaises :p).. Aujourd hui le pb c est que les gens regardent la télé puis c est tout.. Alors que la télé c est bourré de mensonges comme c'est monopolisé par des gens qui veulent voiler la vérité.. Au moins pour les livres les gens ont relativement plus de liberté à publier leurs opinions surtout sur le net.. Quoique là encore faut savoir trier ;) enfin bref merci pr ton passage et à bientot.. Au fait joyeux anniversaire encore une fois !
G
merci lili... tu sais, je lis beaucoup, et donc, g de l'expérience. je lis tt ce qui me tombe sous la main. même ce qui est ennuyeux. donc, qd quelque chose est bien à lire, je le lis avec du plaisir, et, pr ce texte, de la souffrance pr les autres. cet homme à raison. il défend ce qu'il faut défendre, et pas des choses banales.<br /> Merci<br /> Gogou
K
Salut Lili,<br /> <br /> Merci pour avoir publie cet article tres interessant sur ce jeune avocat israelien. Je voudrais mentionner ici qu'il y a en fait beaucoup de personnalites israeliennes qui ont defendu et continuent de defendre les droits legitimes du peuple palestinien. Le probleme, c'est que leur voix reste extremement minoritaire dans un pays qui s'est extremement radicalise depuis le debut de la seconde intifada. La raison principale de cette radicalisation reside a mon avis dans les attentats palestiniens sur des civils israeliens, y compris sur des femmes et des enfants. Je pense personnellement que ces attentats ont porte un grand prejudice a la cause palestinienne de part le monde, et bien sur en israel. En effet, a cause de ces derniers, bon nombre d'israeliens, qui auparavant faisaient partie du camp des pacifistes, se sont radicalises et ont evolue vers des positions justifiant la violence a l'egard des palestiniens. I might be wrong, mais mon impression est que, si les palestiniens avaient adopte une strategie plus intelligente de resistance non-violente, ou au moins s'il ne prenaient pas les civils pour cible, alors on aurait vu des dizaines de personnalites comme celle de Mr. Sfard emerger de la societe israelienne elle-meme pour defendre la justice et la dignite humaines, cote palestinien, et le mouvement pacifiste, a l'heure qu'il est, aurait pu avoir beaucoup plus de poids dans la politique israelienne.<br /> <br /> A lire aussi a ce sujet: "The Other Israel: voices of refusal and dissent", edited by Roane Carey and Anthony Lewis. Un livre que je recommende vivement.
L
Ma chère Gogou, merci d'avoir pris la peine de lire ce long récit.. Je pense que tu es parmi les rares internautes à avoir eu la patience de le faire... C'est désolant de voir que quand il s'agit de sujets relevant de la culture populaire (sujets banals quoi), les gens sont assoifés de lire, et quand il s'agit de quelque chose dont les gens souffrent, de quelque chose de réaliste.. les gens ont tendance à paresser et à passer à autre chose... Je pense que ceci relève de l'indifférence collective qui nous domine, indifférence qui émane d'un égoisme sans précédent: on vit bien, et on n'a pas envie de connaître ce qui se passe ailleurs!<br /> P.S: Je ne vise personne en particulier, je partage juste quelque chose qui me fait de la peine.. C est tout...<br /> Merci encore une fois pour ta fidélité Gogou !
G
la seule chose que g à dire, c que cet homme à entièrement raison.
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