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Être soi même
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20 décembre 2005

Les jours du bonheur

C'est pas qu'aujourd'hui j'ai fini d'y gouter, mais tout simplement que dès qu'une période est passée, je commence à avoir de la nostalgie pour au bout de quelques années et, au fur et à mesure que le temps passe, je réalise que j'ai encore plus de nostalgie, que ces périodes deviennent comme un rêve, j'ai même du mal à croire parfois que j'ai vécu autant de bonheur un jour!

Bien entendu, je sais que dans quelques années je me retrouverai entrain d'écrire dans ce blog, en regrettant déjà cette période-ci, en traçant avec quelques lignes le souvenir d'une période non moins belle que celle que je vais vous raconter ce soir...

Il est 7h30 du matin, mama vient à mon lit, affollée, pour me reveiller.. Affollée à l'idée que je baigne toujours dans mon sommeil alors qu'à cette heure je suis supposée être dans le bus pour le lycée (bah ouiiiiiiii fallait bien que ça soit de cette belle période que je parle, d'ailleurs je suis sure que la majorité d'entre vous ont adoré cette période...)... Elle me secoue, me réveille en crisant: "il est déjà 7h30 et toi tu dors toujours!!!???", et moi, toute out et indifférente, de répondre: "Wayli 3la Wayli".. Là elle se révolte encore plus devant l'expression typiquement masculine que j'utilise.. Je l'ai choppée à un ami de classe qui la répétait tout le temps... Enfin, normal, quand on est dans un lycée masculin où on est 8 filles par classe seulement dans deux classes, toutes les autres classes étant strictement masculines... D'ailleurs toutes mes manies masculines je les ai choppées à cette période là...

Elle me tend vite fait mes habits, elle la pauvre qui doit aussi s'en aller nous préparer le petit dejeuner avant de partir donner son cours aux petits poussins pas plus sérieux qui l'attendent à l'école... En sortant elle vient me forcer à boire un verre de lait que je déteste le plus au monde à cette heure ci... Bien évidemment pour nos pauvres parents on est toujours des bébés et on a toujours besoin de ce lait maternel pour survivre durant la journée :)

Je prends le bus avec un bonheur profond quoique gênée quand mon esprit s'envolait vers le cours de maths qui m'attend et pour lequel je n'avais pas préparé les exercices.. Que veux-tu, on avait une classe de brillants où j'étais moyenne et ces brillants l'étaient tellement qu'ils forçaient le prof à nous donner des exercices difficiles à résoudre, et, quand eux rentraient chez eux pour trouver des parents prêts à les y aider, étant eux mêmes profs de maths, je n'avais droit qu'à une aide parentale en géographie et en histoire, et, dans le meilleur des cas, aux règles de conjugaison d'arabe pour ma chère maman :) mais j'étais déjà excellente dans cette matière donc...

Premier bonheur matinal: j'aperçois Amal montant au bus.. Elle habite juste à quelques stations après la mienne... On se raconte nos aventures de la veille, on rigole, nos yeux brillent de bonheur car on sait qu'une très belle journée nous attend. Je la vois encore avec une veste sport contenant du blanc, rouge et noir et, quand elle se faisait des nattes, je savais qu'elle était particulièrement de bonne humeur ce jour là.

On se dirige vers le lycée.. Le concierge est gentil, nous laisse rentrer.. Le directeur vérifie qu'on porte bel et bien nos tabliers (et qu'ils sont boutonnés hihi ne rigolez surtout pas, les non-marocains :)).. Je n'ai jamais eu ce problème puisque je le boutonnais toujours pour me sentir plus à l'aise, et, la seule fois de ma vie où je ne l'ai pas porté je l'ai emprunté à Amal, qui s'est vite fait coincer par le fameux directeur :))

On rentre, premier cours de maths.. Amal s'en va dans sa classe (eh oui ils nous ont séparés les cons, mais ça c'est une autre histoire).. Enfin heureusement parce que grâce à ça on découvrira le sixième ami de la clique, Mehdi :)

À la pause, on sort Fatima Zahra et moi, on a hate de retrouver les deux autres folles (Amal et Safaa).. Abdel se tient loin de nous, il a peur d'être appelé Abou l banate parce qu'il était le seul gars de la clique, avant d'être rejoint par Mehdi :).. Amal et Safaa nous racontent les follies de Laabboudi (je n'ai jamais connu son prénom.. C'est drôle mais au primaire et au collège on s'appelle par les noms, au lycée on tend un peu plus vers les prénoms, et après c'est parti par les prénoms... On dirait que c'est inversement proportionnel à l'innocence et l'amour des relations (allez chercher le sens de cette phrase)... Elles nous racontent l'histoire du prof de dessin industriel (qui a un nom assez spécial) qui était trop furieux ce matin là, et, pendant que régnait un silence peureux dans la salle, où chacun baisse sa tête pour montrer sa désolation ou tout simplement pour ne pas croiser les regards du prof et subir une vengeance de sa part, Laabboudi, le plus courageux mais aussi le plus cinglé de la classe, parle pour dire: "mais monsieur, nous sommes tous vos enfants, patati patata".. Traduisez là en arabe dialectal et vous vous marrez encore plus! Non seulement le prof n'a que 30ans et lui dire ça est une insulte du genre "Eh le vieux", mais aussi et au cas où il accepte un jour d'avoir une trentaine d'enfants, il ne tolérera jamais qu'ils soient aussi turbulents que cette classe là :)

Il est midi, le moment le plus excitant de la journée arrive.. Là, petite assemblée rapido: soit on est bourgeoises aujourd'hui, et donc on va se prendre un menu au McDo (qui ne dépasse généralement jamais les 20dh-, budget estudiantin oblige.. vous avez deviné un cheeseburger, mais croyez moi c'est le meilleur!), soit on a quand mêmes quelques sous, et là on s'en va chez le boucher qui devient teneur de snack à l'heure du dejeuner (on en a des polyvalents au Maroc qui ne sont jamais passés par qqch qui s'appelle Polytechniques).. Là on se prend un sandwich aux saucisses ou à la viande hâchée.. Ne me demandez pas s'il s'agit d'une viande d'âne ou de cheval :))) mais disons que je me sens étourdie depuis :-p.. Sinon quand on était les plus fauchées au monde, on avait un sandwich ramené de la maison sinon on se prenait (et c'est le plus souvent le cas) un sandwich à la cafétéria de l'école, pour 3dh et un fanta ou coca... Je me rappelle le jour où, voulant lui demander un sandwich omelette au cacher, j'ai fini par dire: "une omelette aux oeufs".. J'avais tellement faim et je ne voyais pas pourquoi les amis qui faisaient la queue devant moi pouffaient de rire!

Le sandwich vite avalé, on partait sur le terrain de sport (eh oui pas de digestion, aucune règle santé ne régit notre existence :).. En priant bien sur que le concierge ne soit pas là pour ne pas raconter ses histoires d'"il faut avoir une assurance médicale pour jouer sur le terrain, car si jamais vous tombez et que vous perdez une jambe l'école ne soit pas responsable".. Bon sang j'ai toujours joué et en 24ans je n'ai jamais eu d'accident alors pourquoi ce jour là fallait il que j'en ai... Quand on avait de la chance il n'était pas là... On l'appelait moul ttablia zzer9a :).. On se disait qu'on allait surement le rendre fou un jour parce que quelques minutes après qu'il nous ait chassé du terrain (gentiment ou avec des insultes selon l'humeur du jour), il suffisait qu'il fasse un tour pour revenir et nous retrouver entrain de jouer.. On s'était promis de faire classes préparatoires (les étudiants de ce niveau pouvaient jouer délibéremment et à longueur de journée, va comprendre prq le truc des assurance ne leur s'applique pas!!) donc on voulait faire ces classes si ce n'est que pour réaliser le fantasme de venir jouer un jour à 5h du matin (l'heure de la prière) pour qu'il se réveille enragé et pour qu'on lui dise: désolés mais nous sommes étudiants en classes prépa!... Quelques années après j'ai appris qu'il était devenu fou.. Je sais pas si on y est pour quelque chose?! :)

Vers 14h on savait très bien qu'il fallait rentrer aux cours de l'après-midi, sauf que parfois le jeu était si magique, si bon, que les cours de l'après midi nous paraissaient comme du gachis.. On faisait semblant de réfléchir avant de prendre la décision de continuer de jouer mais au fonds on savait bien qu'on n'allait pas rater ce si bon jeu pour un cours d'arabe ou de philosophie où on nous apprend que l'amour c'est bien et la sagesse.. aussi :) (le truc de Gad: il l'aimait et la fille... euh.. Aussi!).... À force de jouer sous le soleil on nous disait souvent: "bsse7a teb7ira" alors qu'on n'était pas encore parti à la plage de toute l'année!

MOROCCO.RABAT.ave MOHAMED V

Vers six heures c'était la fin des cours.. Là le meilleur moment de la journée arrivait: on faisait le boulevard Mohamed V tous ensemble, en dixaine ou en quinzaine.. On ne marchait jamais droit, il fallait qu'on s'arrête pour éclater de rire, moi je courais dans tous les sens pour partager le truc marrant avec le petit groupe d amis qui nous accompagnait mais qui ne l'avait pas entendue... Un jour, un compagnard passait, avec, dans les mains, un panier en paille et un coq dedans.. Et, F.Zahra de se retourner vers Amal qu'on surnommait Poule à l'époque, à cause de ses 48Kg : "Amal Amal, twwti" (Amal, Amal vas y drague le.. En faisant allusion au coq)... Ce jour là j'étais tellement tordue de rire que j'ai fait marche arrière pour raconter à Abdel ce que je venais d'entendre.. Sauf qu'avant de l'atteindre, je me retrouvais avec la moitié de mon corps dans un égoût (oui vous avez bien entendu! oui oui le truc où vivent les tortues Ninja).. Parce qu'il faut bien savoir qu'au Maroc, tout ce qui peut se vendre est volé, même les trucs qui servent à fermer les égouts! Là, le pauvre Abdel, qui est trop vite intimidé par les regards des passants, ne savait pas s'il fallait feindre ignorer cette personne ridicule que j'étais, ou alors venir à mon secour pour me faire sortir de là.. Finalement, il a fini par dépasser les regards amusés des gens et est venu à mon secours.. Disons que je ne l'ai pas trop aidé.. J'étais tellement en larmes à force d'avoir rigolé que je n'arrivais pas à me tenir debout pour faciliter les choses...

Vers la fin de l'année j'ai fini par mieux connaître Mehdi, qui détestait notre clique avant de la connaître mais qui finit par nous avouer un jour que c'était juste sous l'effet de la jalousie qu'il nous detestait :)) (je parie que c'est ton dernier tour sur ce blog yak.. ssma7a ssma7a :))...... Un ami très adorable, la preuve c'est qu'il nous parle encore après la scene à laquelle il a eu droit malgrè lui, le jour où on marchait tous les trois dans la rue (Amal, lui et moi) et que, comme par télépathie, nous nous sommes envoyés deux clin d'oeil Amal et moi, puis cette dernière a vite fait marche arrières jusqu'à disparaitre de la ruelle, pour revenir au bout de quelques secondes mine de rien, me voir, feindre la surprise: Wow ma meilleure amie! puis,simulant d'avoir juste aperçu Mehdi, crier: "QUOI? MA MEILLEURE COPINE AVEC MON MEILLEUR AMI??".. puis là elle a fait le scandale, et moi je faisais la sérieuse juste pour continuer d'emmerder Mehdi, parce que je pouvais savoir à quel point ce genre de simulations que les passants prennent pour sérieux l'intimidaient... Puis là il se dirige chez moul zzeri3a (vendeur de bonbons..) pour s'acheter une cigarette et par la même occasion échapper à la scène théatrale puisqu'il ne pouvait expliquer aux passant que c'était de la pure improvisation et de la pure connerie.. Sauf qu'au lieu de le laisser tranquille, je le suis chez le vendeur en lui criant: "Alors comme ça tu achètes de la cigarette alors qu'à la maison on n'a même pas de quoi bouffer, ton enfant et moi"?? Pauvre Mehdi, pardonne-nous, on ne savait paaaas ce qu'on faisait! :)

Safaa n'était pas moins diablesse que nous.. En sortant du lycée à 6h elle avait faim, et donc, machiavéliquement, tous les moyens étaient bons pour avoir quoi manger... Elle allait voir les passants, leur disait: "regardez, ma copine là bas -me désignant du doigt- est enceinte - katwe7em- et vous as vu manger ça, pourriez vous lui en donner un peu?".. et, les passants, généreux mais surtout intimidés, lui cédaient tout ce qu'ils avaient entre les mains :)) .. Bien entendu, il fallait partager, je n'aurai pas perdu la face pour rien :))

F.Zahra, elle, ce qui m'a toujours marquée chez elle, c'est le fait qu'elle avait une allure toute timide et douce, sauf qu'au fond, se cache une fille pleine d'humour, on n'arrêtait jamais d'éclater de rire suite à ses phrases intelligentes qui sortaient doucement, mais qui faisaient sur le champs de l'effet sur nous.

Fatima Zahra, Amal, Lamia, Abderrahim, Safaa et Mehdi mes chers FALAS+M, je vous dédie ce post, vous disant que je rêve de revivre des moments aussi simples mais surtout merveilleux avec vous.

Tendrement, Votre Lamia

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Commentaires
A
slt merci beaucoup pour ce travaille manifique bonne chance la route pas facile et l'avenire devant toi allez allez allez ne s'arrette jamis pour voir derriere toi
L
Merciiii Meryem de tout coeur d avoir partagé mes souvenirs :) En relisant le pseudo poème age age age je me demande vrmt si je n ai pas qqch qui cloche dans la cervelle! En tous cas y a qu un (e) marocain (e) pr gaspiller du temps à produire qqch d aussi insignifiant :)
M
merci pour ce post tellement plein de souvenirs je m'y croyais :))<br /> et j'ai beaucoup rigolé sur le commentaire dial fromage moyen age embouteillage :D<br /> vive les souvenirs :))
L
Merci à toi de les partager avec moi :)
H
C'est trés beau Lili, merci de nous plonger dans tes souvenirs <br /> <br /> http//hicham.blogs.com
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